Pratiquer le Shiatsu dans une ville touristique comme Tanger donne l’opportunité de croiser beaucoup de jushas (1) de passage. Les habitués sont principalement Marocains, Français ou Espagnols, mais grâce au tourisme, j’ai aussi la chance de croiser la route de personnalités de provenances diverses : Argentine, Canada, Égypte, États-Unis, Italie, Lituanie, Mexique, Pologne, Royaume Uni, Tunisie…
Certain.e.s prennent rendez-vous au cabinet, d’autres demandent à être massé.e.s sur leur lieu de résidence (ryad, hôtel, AirBnB) ce que j’accepte avec l’accord de l’hébergeur. Cela me vaut des retours à la fois sympathiques et positifs.
Cette pratique est différente de ce que l’on m’a enseigné en formation, où l’accent était mis sur l’accompagnement et le suivi. Les enseignants, puis ma pratique habituelle, m’ont convaincu que le suivi Shiatsu était une course d’endurance. Que l’effet énergétique de notre travail se fait sur la durée, séance après séance, et avec le relais progressif du jusha qui gagne en autonomie pour cultiver son équilibre interne. C’est d’ailleurs un message constant auprès de la communauté à Tanger : « faisons plusieurs séances si nous voulons du résultat. »
Les bienfaits d’une séance en vacances
Accélérer le passage en mode « congés »
Les vacances sont rarement aussi longues qu’on le voudrait. Lorsque l’on quitte un rythme très dense et marqué par le stress, le dépaysement ne suffit pas toujours à provoquer une détente immédiate. Cela se traduit par 3 ou 4 premiers jours séjour, un peu maussade à Tanger. Le corps et l’esprit restent en mode vigilance au lieu de se laisser porter. Or, relaxer une personne stressée, fait vraiment partie de nos compétences. La séance Shiatsu de lâcher prise en début de séjour, mériterait d’être incluse dans toute bonne formule d’agence de voyage.
Limiter les dégâts d’activités physiques top intenses
Quitter la vie sédentaire pour se livrer subitement à des sports comme le surf, le VTT, la course… n’est jamais recommandé. Et nombreux sont les vacanciers tombent dans ce piège grisant. Disons-le clairement, les cas les plus graves et les accidents, sont du ressort des traumatologues et kinésithérapeutes qui ne manquent pas à Tanger. Mais lorsque l’on parle de courbatures, ou de fatigue musculaire, le Shiatsu peut accompagner, soulager les tensions douloureuses et favoriser la récupération pour ne pas gâcher un séjour.
Faire une expérience authentique et nouvelle
Ce n’est pas un scoop : le Shiatsu, pas plus que la gastronomie japonaise, ne font pas partie des « cases à cocher » d’un séjour au Maroc. Le Hammam avec son gommage au savon noir lui tient la dragée haute. Et puis le rendu Instagram d’un excellent soin énergétique n’est pas éblouissant.
Par chance, il existe diverses façons de voyager et certains visiteurs s’écartent des sentiers battus et profitent de leur temps, pour s’offrir une expérience de reconnexion. Il s’agit principalement d’Européens urbains passant chaque jour devant des plaques de Shiatsushis dans leur vie quotidienne, sans jamais s’accorder le temps d’essayer. Je me réjouis d’être leur initiateur et les encourage à continuer dès qu’ils seront de retour.
Créer un rendez-vous bien-être
J’ai le plaisir de compter parmi mes jushas réguliers, des visiteurs n’habitant pas Tanger. Ils y ont des amis ou de la famille. Malgré mes recommandations, et parfois mes recherches pour les orienter, ils ne reçoivent aucun soin Shiatsu sur leur lieu de résidence habituelle. En revanche, ils incluent toujours une ou plusieurs séances de Shiatsu dans leur séjour. J’apprécie leur fidélité et nos séances sont toujours une bonne occasion de faire le point sur les mois écoulés. Ce n’est pas un suivi, comme il nous a été enseigné en formation. Mais je contribue à leur équilibre général, leur hygiène de vie et leur plaisir de se retrouver dans cette ville.
Les limites de la séance unique
Comme souvent, il faut soir clairement posé le cadre du shiatsu, et des effets attendus d’une séance unique.
J’ai reçu récemment un chauffeur de taxi de Birmingham, se plaignant d’une gêne à la hanche du fait de sa posture au volant. Habitué des soins ostéos, il m’avait demandé si je lui ferai « craquer » l’articulation. Je l’ai prévenu que je ne travaillais pas de cette façon. Il est néanmoins venu, et j’ai mesuré que son problème était trop ancien et prononcé pour être amélioré en une seule séance. Ce monsieur a profité de l’effet relaxant de la séance, mais exprimé sa déception car sa hanche n’avait pas craqué. Par chance, je ne lui avais pas fait de promesse en l’air.
(1) Le Jusha est la personne qui reçoit le Shiatsu. Celui qui le pratique s’appelle le Shiatsushi.